COMMUNIQUÉ DE PRESSE

La nécessité qui nous a fait naître reste intacte

A. Nous, DPSS, collectifs luttant pour préserver la vision d'un système de santé public, gratuit et sans exclusion, nous ne pouvons aujourd'hui ni rester en silence ni tolérer notre instrumentalisation de la part du gouvernement.

Nous sommes des structures autogérées qui pratiquent la démocratie directe et fonctionnent de manière anti-hiérarchique. Pendant cinq ans, nous sommes la preuve vivante d'une communauté qui montre ce dont les gens sont capables quand ils coopèrent à égalité, dans une perspective de résistance, de création collective et de solidarité concrète. Pendant toutes ces années, ayant comme seul appui la société, nous avons mené un combat en toute indépendance pour réduire la morbidité des pauvres, empêcher la mort des exclus, défendre la santé comme un bien public et marcher sur le chemin de l’émancipation sociale.

 Dans cette sombre conjoncture, marquée par le prolongement des politiques mémorandaires, l’accentuation et la multiplication des obstacles pour l’accès de la population aux soins, il est impératif de faire sortir la santé de l'étau des politiques austéritaires et des restrictions budgétaires criminelles.

Aujourd’hui, plus que jamais, nous continuerons de :
- lutter contre les politiques de paupérisation de la population, contraires de fait à notre vision d'un accès aux soins et à la santé libre, égalitaire et de qualité.
- être l’« œil » et l’« oreille » de la société contre toute inégalité en matière de santé, ainsi que l’appui de tout patient face à des obstacles insurmontables pour l’accès aux services du Système National de Santé.
- fournir des soins de santé primaires et des médicaments à toute personne qui, malgré la nouvelle loi, ne bénéficie toujours pas de la couverture maladie, et, notamment, aux migrants « sans papiers ».
- mener des actions antiracistes et antifascistes, en défendant en particulier les droits des personnes auxquelles le dernier accord UE-Turquie ne réserve qu’un traitement barbare (enfermement, confinement, expulsion, refoulement).
- se coordonner et agir à l’échelle nationale tout en mettant la pression sur le gouvernement pour la suppression de l’Organisme de Gestion des Rétributions des Hôpitaux, pour la modification de la nouvelle loi, des décisions ministérielles et de toute législation à venir, et en exigeant toujours et constamment la couverture complète, de qualité et à temps de tous les besoins de la population en matière de soins et de médicaments.
- contribuer de concert avec le mouvement social à ouvrir une voie à la mise en œuvre d’une médecine holistique, orientée vers la recherche des solutions aux problèmes des personnes souffrantes non seulement en raison d’une maladie, mais en raison de la pauvreté et l’exclusion sociale.

B. Sur la base de nos principes et nos possibilités et tout en tenant compte des besoins locaux, les DPSS font de leur mieux à l’égard des réfugiés et des migrants arrivés en Grèce. Ils interviennent dans les centres d’accueil ouverts et revendiquent une présence autonome pour répondre aux besoins et aux souhaits des réfugiés.

Nous ne pouvons ni accepter ni tolérer le fonctionnement des centres de rétention fermés ou des camps de détention ; nous intervenons avec toutes nos forces et ressources et selon nos propres principes à tout lieu d’accueil et de séjour des réfugiés et des migrants.

Nous, les DPSS :
- cherchons à établir des contacts directs avec les réfugiées dans le but de l’auto-organisation ; dénonçons les morbides conditions de vie dans les camps ; y recensons les besoins médicaux ; accueillons, quand cela est possible, les réfugiés dans nos propres locaux.
- ne participerons à aucune coordination nationale liée à l’État, mais collaborerons étroitement avec les collectifs et les initiatives locales, dans les quartiers et les villes, dont la finalité n’est pas seulement de subvenir aux besoins les plus élémentaires, mais aussi d’intégrer pleinement les réfugiés dans le tissu social.
- dénonçons le récent accord de la honte entre l’UE et la Turquie qui divise arbitrairement les êtres humains à des légaux et illégaux et qui piétine le droit à l’asile.

Vivre ensemble avec les réfugiés et les migrants, c’est possible, vivre avec des fascistes il est hors de question.

5e Rencontre nationale des Dispensaires et Pharmacies Sociaux Solidaires
Thessalonique, le 3 avril 2016